
En 1896, un neurologue viennois (qui n’a jamais été psychiatre) du nom de Sigmund Freud (1856-1939), âgé de 40 ans, nomme une technique de prise en charge de la souffrance psychique (à l’époque ce qu’on appelait les maladies nerveuses) psychoanalyse consistant à la recherche de la cause (étiologie) des troubles psychologiques dans l’enfance partant du fait que celle-ci est le constituant de l’inconscient.
D’autres auteurs avaient bien évidemment abordé l’inconscient (par exemple Spinoza, Kant, Schopenhauer, Nietzsche), mais Freud extrait de cette connaissance une méthode thérapeutique dont le pivot est le transfert.(Voir mon livre Freud et son héritage (2010), pages 189 à 225. Pierre Janet (1959-1947) voit aussi une une méthode thérapeutique dans l’exploration de l’inconscient (qu’il appelle subconscient) mais n’a pas du tout l’intuition du transfert (voir encore Freud et son héritage, pages 58-61 pour l’essentiel au sujet de Janet.)
En travailleur acharné, et grâce à son énergie et à la phéthore de ses publications, il arrive à implanter la psychanalyse dans de nombreux pays de son vivant.(La France a longtemps résisté à l’implantation de la psychanalyse : après plusieurs essais (1891, 1914, 1923), la Société Psychanalytique de Paris est fondée le 4 novembre 1926.)
La psychanalyse, dans sa fondation même, telle qu’elle fut conçue et envisagée par Freud en étant extrêmement spécifique et singulière ne peut pas se réduire à une autre discipline : elle ne peut être qu’indépendante.(Freud le formule dès 1913 au Pasteur Oskar Pfister. C’est ce qu’il nommera la laienanalyse, soit la psychanalyse laïque/profane.)
Finalement, Freud élabore une discipline dont la théorie (nommée métapsychologie)(Parce que cette psychologie s’intéresse à l’au-delà des apparences.) pose comme base absolue que le socle des conduites humaines repose sur la structure de l’inconscient, donc que les conduites humaines sont pour l’essentiel impulsées par le passé actualisé dans le présent.
Pour déchiffrer la grammaire de l’inconscient grâce à la parole libre de la séance, il faut pouvoir remémorer, dans un premier temps, le passé pour mieux le quitter (donc grandir) et pouvoir vivre un présent qui n’est plus influencé par l’enfance, en tout cas affectivement : les conduites du passé lourdes, déterminantes, pathogènes et totalement inadaptées dans le présent deviennent des souvenirs sans influence. Ainsi permettre l’épanouissement tout en allégeant la vie.
Par ailleurs, sachant que la vie présente et actuelle d’une personne est infiltrée en permanence par le passé [1], tout signe dans ce qui se manifeste [2] est une signature de ce qui est latent, donc inconscient ; dans ce sens donc il n’est pas obligatoirement nécessaire de faire appel au passé pour accéder à la structure inconsciente puisque celle-ci est infiltrée dans le manifeste (le visible), qu’il soit affectif, cognitif et corporel. Freud avait catégoriser ces manifestations parfois très fugaces : soit les rêves, les lapsus, les actes manqués et les symptômes. Le (la) psychanalyse tentera de repérer ces signatures pour les traduire en termes compréhensibles et les livrer à son (sa) analysant(e).
Christian Jeanclaude
Notes
[1] L’inconscient vient infiltrer le conscient.
[2] Donc le conscient.