
QUESTION SUR LA CURE
bonjour,
je m’autorise à venir vers vous, libre à vous de répondre à ma question. Voilà, je suis en analyse depuis quelques mois chez un analyste lacanien.
Les durées de séance sont courtes (maximum 20’) et je ne parviens pas à m’adapter au dispositif de cette temporalité, d’autant qu’elle est variable et susceptible d’être encore abrégée.
Psychologue de profession, je ne suis pas sans savoir les raisons techniques de cette méthode mais je vis la fin de séance comme pouvant être l’arbitraire de l’analyste. Ignorant donc à chaque fois la durée de ma séance, je me bloque sur les élaborations, le cheminement associatif est limité dans la hantise de la fin de séance, vécue viscéralement comme un manque d’humanité de l’analyste.
Bien sûr, mon analyste reste évasif sur cette question.
Je ne sais pas à quoi me renvoie cette difficulté, c’est en travail.
Néanmoins, n’y a-t-il pas d’autre moyen de souligner l’importance du contenu de la parole de l’analysant que par une coupure ? par ex la reformulation, l’interprétation, la ponctuation… tout aussi efficaces à mon avis.
Par la scansion-coupure, l’analyste ne s’engage pas.
Si vous pouviez me dire quelque chose qui pourrait m’éclairer à ce sujet. Ce serait dommage que j’interrompe mon analyse sur cet obstacle. Merci si vous décidez de me répondre. Cordialement.
MS
RÉPONSE
Madame,
Je suis freudien pratiquant des séances d’une heure et je considère les séances courtes de surcroît scandées comme une procédure inefficace, très frustrante et souvent génératrice d’agressivité de la part de l’analysant. L’effet contraire peut aussi advenir avec des effets aliénants d’extrême soumission de la part de l’analysant (dûs à l’effet surprise et arbitraire de la scansion en lien avec la courte durée de la séance.
Pour arriver au désêtre ?
Je serai incapable de vous dire à quoi vous renvoie comme vous dites cette difficulté…. et si c’était l’analyste qui était en difficulté pour adapter la séance à son symptôme.
C’est bien Lacan qui parlait de résistances de l’analyste.
Si votre avis ne rejoint pas la technique lacanienne, faut-il s’acharner à voir une difficulté là où il y a un profond désaccord.
Apparemment vous savez ce qui pourrait être efficace pour vous : tenez compte de vous.
Tout ceci étant dit, chaque cas est différent et il y a probablement des personnes que les séances courtes agréent parfaitement.
De toute façon, au final, il est impossible de théoriser une technique psychanalytique de façon pertinente…. l’important étant d’abord la rencontre (entre l’analyste et le patient) qui se fait ou ne se fait pas, puis l’intégrité de l’analyste (qu’il soit au moins analysé lui-même).
Bien à vous
Christian Jeanclaude
QUESTION
bonjour,
je vous remercie de la réponse à mon courrier. Comme par hasard (comme quoi… l’inconscient), la séance d’après était plus longue. J’ai senti dans cette variabilité l’absence de rigidité chez mon analyste qui privilégie à mon avis la « surprise ».
Il m’a proposé une troisième séance la semaine d’après, après que je lui ai exprimé mon désarroi et mon incompréhension sur la brièveté des séances.
Du coup, je pense qu’à raison de trois séances par semaine, ça devrait le faire !!! bonne journée à vous. Mme S.
RÉPONSE
Désolé pour ma réponse tardive.
La “surprise” comme vous dites à ceci de spécifique qu’elle déstabilise en particulier lié au caractère arbitraire ce cette procédure.
Espèrons que cet usage de l’arbitraire est un “ truc” pour favoriser le jaillissement de la parole.
Car tout comme l’effroi qui se fait dans la surprise (très différent de l’inattendu), un tel traitement peut aussi favoriser une perte de repère, une éradication de l’esprit critique et au final une aliénation ici transférentielle.
Il est possible que ce régime assez particulier (qui se voudrait être instaurer pour éviter les pièges du moi) explique assez bien l’espèce d’uniformité (un clonage) de psychanalystes dans certaines sociétés analytiques tous très identiques les uns des autres par une “soumission” à la ligne directrice édictée par le groupe auquel ils appartiennent.
Tout ceci étant dit, vous devez vous faire confiance… seule votre progression dans le travail témoigne de la pertinence de ce que vous avez entrepris. Il est possible que la rencontre avec votre analyste ne puisse fonctionner que dans le dispositif technique qui s’est mis en place finalement à l’in-su des deux partenaires.
Bien à vous
Christian JEANCLAUDE
A lire :
1/Ma conception de la cure psychanalytique
2/La naissance et les fondements de la psychanalyse en quelques mots