
RÉSUMÉ
Après une analyse exhaustive des deux conceptions freudiennes de l’angoisse (de 1894 à 1938), l’auteur les fusionne, bien que contradictoires, en une théorie unitaire (avec deux nouvelles notions : l’angoisse-peur et l’angoisse-tension). Le rôle de l’angoisse comme principal organisateur de l’appareil psychique apparait alors comme évident.
Facteur d’évolution, l’angoisse, sous certaines conditions, nous instruit sur nos désirs inconscients et permet alors de modifier nos choix vitaux. La libération du sujet suite à ce savoir lui ouvre des possibles qu’il ne soupçonnait pas.
En introduction, une synthèse de la théorie générale de la psychanalyse est exposée pour entrer plus facilement dans l’univers de l’affect d’angoisse.
Dans cette quatrième édition, une lecture très attentive et commentée d’Inhibition Symptôme et Angoisse (1926), livre fondamental de Freud, s’avère être un atout majeur pour comprendre comment le fondateur de la psychanalyse en est arrivé à sa seconde théorie de l’angoisse.
Ce livre s’adresse autant à l’étudiant en psychologie, au psychologue, au psychanalyste, à tout professionnel de la relation (médecin, orthophoniste, travailleur social,…) qu’à tout lecteur curieux des fondements psychiques de l’être humain.
Au cours des éditions successives cet ouvrage est devenu une référence au sein de la littérature psychanalytique sur la conception de l’affect d’angoisse.
Concrètement, je désirais, en écrivant cet ouvrage :
1/ amener le lecteur profane à pénétrer l’univers analytique tout en lui offrant des
outils de pensée conséquents ;
2/ développer un esprit pédagogique sans pour autant céder à la tentation d’une
vulgarisation facile ;
3/ permettre à un lecteur coutumier de la psychanalyse (praticien par exemple) d’y
trouver son compte et de posséder un instrument de travail très documenté
(annexes, index, références, bibliographie, recentrage régulier par des
formalisations rigoureuses) ;
4/ permettre à tout lecteur attentif d’acquérir des outils de compréhension
analytique de plusieurs aspects de notre société contemporaine ;
5/ permettre enfin un certain plaisir à cette lecture, pour autant qu’un essai
analytique puisse apporter un plaisir littéraire.
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DESCRIPTION COMPLÈTE
Dans cet ouvrage que j’ai voulu comme référence parmi les écrits sur l’angoisse selon la théorie freudienne, j’aborde de façon exhaustive le complet renversement théorique que Freud opère dans sa métapsychologie, plus particulièrement à partir de 1926, à savoir que c’est l’angoisse qui est cause du refoulement et de la formation de symptôme, l’angoisse qui est cause de l’aliénation névrotique au lieu de la conception de 1894 qui envisageait l’angoisse comme un courant libidinal entravé, comme une transformation de la libido dans un affect dégradé à l’image de la dégradation du vin en vinaigre.
Grâce à la nouvelle conception freudienne de 1926, l’angoisse n’est plus un symptôme mais une manifestation psychique qui avertit le sujet que quelque chose dans sa vie dysfonctionne : il doit changer.
Par ailleurs, je réélabore la théorie freudienne qui est double (2 théories contradictoires) en une seule théorie unitaire en essayant par ailleurs de m’affranchir du concept de pulsion de mort dont l’argumentation de Freud me paraît très peu convaincante. Jusqu’où peut-on affirmer que les conduites humaines sont sous la dépendance de l’angoisse ? J’étaye entièrement ma réflexion sur la théorie freudienne (au-delà de celles [les théories] consacrées à l’angoisse) et je tente de répondre à cette question en élaborant donc une synthèse des 2 théories freudiennes de l’angoisse en une seule d’un abord, je l’espère, simplifié et réactualisé à la lueur des recherches récentes en biologie du comportement, plus spécifiquement chez le foetus.
J’exploite jusque dans ses moindres détails l’héritage que Freud nous a légué avec ses théories de l’angoisse et j’essaye d’éclairer pourquoi, à mon avis, l’angoisse est irréductible de la condition humaine et le socle inaliénable sur lequel viennent s’ancrer toutes nos structures psychiques.
Ce livre, par la compréhension intime des mécanismes de l’angoisse et de ses effets qu’il permet, m’apparaît important dans notre société assoiffée de confusion de tout ordre. En effet, ne pas se connaître dans notre société complexe aux valeurs mouvantes et contradictoires, peut perturber toute personne qui ne saurait pas de quoi elle est faite ; autrement dit toute personne qui n’aurait pas connaissance de ses désirs inconscients, désirs qui sont les causes essentielles des angoisses (obligation de faire des choix). Croire vivre un désir en s’identifiant à tel ou tel courant collectif tout en ignorant ses propres désirs correspondant à des aspirations profondes ne peut que conduire, à terme, qu’à un mal-être. C’est pourquoi la connaissance de soi est plus importante que jamais en ce début de millénaire.
Cet ouvrage est né d’une expérience personnelle (celle de l’angoisse) associée à une pratique de la psychanalyse, le tout fortement cadré par une bonne connaissance du corpus théorique freudien et un solide background scientifique. Par ailleurs, quand je me suis aperçu qu’il n’existe quasiment rien sur l’angoisse en littérature analytique ( ? !), j’ai considéré mon projet d’autant plus original quand le livre fut publié.
Tel qu’il vous est présenté, l’originalité majeure de cet ouvrage consiste en ce qu’il s’adresse simultanément à deux types de lectorat, à savoir des lecteurs connaissant la psychanalyse dans le cadre de leur exercice professionnel (en fait, tout psychanalyste, quelle que soit sa formation universitaire initiale), mais aussi tout lecteur n’ayant aucun savoir dans ce domaine, et qui voudrait s’imprégner de ce champ d’investigation psychique (il peut tout aussi bien s’agir d’étudiant, que d’un professionnel, en particulier dans le domaine relationnel et/ou de la santé, mais aussi toute personne désireuse de mieux connaître la » matière » dont elle est faite, ainsi donc voulant acquérir un savoir sur la psyché humaine selon un angle psychanalytique, et ceci à un haut niveau de réflexion).
Mon essai est construit, de façon impressionniste en quelque sorte, pour permettre au lecteur d’entrer progressivement dans l’univers analytique, à l’image d’un travail sur le divan. Gageure bien sûr impossible, mais pari nécessaire pour maintenir le texte au plus près du » vif de l’inconscient « .
Bien qu’ayant lui-même écrit une oeuvre considérable, Freud était sans illusion à ce sujet ; il eut l’occasion de dire (je cite de mémoire) que vouloir transmettre un savoir analytique sans passer par un divan était comparable à vouloir nourrir un affamé en lui faisant lire un menu. Comment en effet, dans une société de tradition écrite, procéder autrement ?
Ainsi, mon essai propose à :
1/ Un lecteur sans connaissance préalable de comprendre l’univers analytique grâce à des outils de pensée dignes de ce nom.
2/ Un lecteur familier de la psychanalyse (praticien par exemple) de disposer d’un outil de travail très documenté (annexes, index, références, bibliographie, recentrage régulier par des formalisations rigoureuses) et d’une base solide de réflexion sur l’angoisse pouvant enrichir son référentiel théorique lui servant de grille de lecture de l’inconscient
Cet objectif pédagogique m’obligea – pour le bien de l’ouvrage, j’espère – à un certain télescopage entre une forme très classique conforme à un livre de recherche, et des propos parfois très libres qui s’éloignent nettement d’un essai psychanalytique didactique.
J’insiste continûment pour recentrer mon propos au coeur du freudisme et éviter un affadissement qui trahirait alors une dérive classique du discours analytique vers un discours insipide (d’où le » sexuel » serait exclu, mais aussi l’insupportable de l’inconscient [nous maîtrisons si peu de notre vie], discours qui n’aurait plus rien à dire sur le social sous prétexte d’une neutralité mal comprise [c’est tout de même Freud qui écrivit Malaise dans la civilisation, Avenir d’une illusion ou encore Moïse et le monothéisme]). C’est le propre de la psychanalyse d’avoir un discours, donc une éthique, ceci peut-être à la différence d’autres disciplines » psy » qui se contentent d’être des techniques.
L’esprit pédagogique et éthique qui guida l’écriture de mon livre m’obligea à refuser fermement de tomber dans une vulgarisation facile, considérant que tout lecteur peut comprendre à partir du moment où on lui donne les outils de compréhension.
Dans ce sens – celui de ne pas confisquer un savoir qui serait seul destiné à des initiés – tous les termes analytiques usités dans mon essai sont définis, donc accessibles à tous. Ceci est évidemment encore plus vrai pour les néologismes d’angoisse-peur et d’angoisse-tension qui rendent compte de ma reformulation de la théorie freudienne de l’angoisse.
Je pense avoir approximativement réussi à allier une très grande rigueur (ma formation scientifique) à une liberté de ton et de parole.
Finalement, ni vade-mecum, ni manuel du prêt-à-penser, mon essai se propose d’autoriser à toute personne de connaître les fondements de la pensée analytique sans pour autant avoir lu Freud. Il me fallait alors prendre le lecteur par la main au risque d’avancer à petits pas (donc de multiplier le nombre de pages) pour lui permettre de s’associer à ma réflexion sur l’angoisse. D’où les prolégomènes métapsychologiques, puis le long cheminement dans l’oeuvre freudienne portant sur l’angoisse, pour seulement alors m’autoriser une recherche personnelle.
Aller droit au but en psychanalyse en faisant fi du raisonnement qui y mène ne peut qu’aboutir à assener des vérités toutes faites au lecteur et lui manquer de respect ! Il ne me semblait pas possible de supprimer la lenteur inhérente à la psychanalyse.
Reste un dernier aspect à souligner : j’appuie de nombreuses assertions analytiques sur des faits relevés par la biologie, essentiellement la biologie du comportement, et accessoirement la physiologie. Je pense là me situer pleinement dans la ligne tracée par Freud. En effet, il ne faut pas oublier que la psychanalyse freudienne ne dérive ni de la psychologie, ni de la psychiatrie, mais surtout de la neurologie (Freud était neurologue après avoir été physiologue, ne fut jamais aliéniste, et ne s’intéressait, selon ses propres dires, nullement à la médecine), donc de la biologie fondamentale (voir De l’esquisse d’une psychologie scientifique, 1895, qui resta le prototype métapsychologique de la psychanalyse) même si Freud dut tenir compte rapidement de la psychopathologie (Charcot).
Très concrètement, je dirais que cet essai se caractérise par :
1/ Un exposé métapsychologique qui dit « l’essentiel » de la théorie analytique, véritable précis de psychanalyse.
2/ Son exposé exhaustif des différentes conceptions freudiennes de l’angoisse de 1894 à 1938.
3/ Une conception pédagogique qui permet à tout lecteur d’atteindre un haut niveau de réflexion.
4/ Une écriture vivante pour un ouvrage de recherche qui, je l’espère, évite au lecteur de s’ennuyer.
5/ Une unification des 2 théories freudiennes de l’angoisse en une reformulation qui permet de mieux articuler le concept d’angoisse, de le resituer dans le cadre des recherches en biologie, de permettre un élargissement pour la compréhension de nombreuses conduites humaines.
6/ Une tentative d’apport théorique, dans la mesure où mon élaboration de la théorie unitaire de l’angoisse permet de s’affranchir de la conception » mythologique » du refoulement originaire (thèse de la horde primitive) et de faire l’économie du concept de pulsion de mort, concept peu satisfaisant d’un point de vue scientifique.
7/ Dans la mesure où j’insiste beaucoup sur la démonstration de l’action de l’angoisse inconsciente, l’hypothèse que l’angoisse est source de toute élaboration psychique et somatique devient pertinente. L’angoisse devient la source de toute élaboration psychique, collectivement et individuellement : symptômes névrotiques et/ou psychotiques, sublimations, perturbations psychosomatiques, organisation de la personnalité, ciment organisateur des groupes humains.
8/ Un grand nombre de citations de Freud ; citations qui permettent au lecteur non-spécialiste de se familiariser avec le fondateur de la psychanalyse, son style et sa façon de raisonner, et qui permettent au lecteur averti de se resituer en permanence par rapport à l’oeuvre freudienne.
Christian JEANCLAUDE
Auteur, Psychanalyste
Les premières lignes
Extrait de l’introduction :
Lorsqu’on regarde l’oeuvre de Freud dans son ensemble en se proposant de dégager comment et quand, progressivement, les grands concepts de la psychanalyse y ont été introduits, un fait s’impose : la notion d’angoisse a, dans un premier temps (première théorie de l’angoisse), un statut particulier. Elle n’acquiert un sens authentiquement psychanalytique que tardivement, en 1926. C’est à ce moment qu’est publié Inhibition, Symptôme et Angoisse, livre décisif pour l’évolution de la théorie de l’angoisse (seconde théorie). Freud avait alors soixante-dix ans !
En 1895, Freud écrit son premier article sur l’angoisse. Ce travail est habituellement considéré comme l’exposé de la première théorie de l’angoisse. Ultérieurement, il effleurera sporadiquement le problème de l’angoisse dans divers écrits, mais d’une manière fugace et sans apports théoriques notables. En 1917, il réitère une tentative d’approfondissement des mécanismes qui régissent l’angoisse en reprenant ses anciennes conceptions à la lueur de ses nouvelles connaissances ; là encore, pas de progrès décisif. C’est en 1923, dans sa célèbre publication Le moi et le ça, qu’il révolutionne alors certains de ses concepts fondamentaux en développant sa seconde topique, qu’il amorce également un virage conceptuel à propos de l’angoisse. Ce changement inspirera son livre de 1926 qui viendra parachever ses bouleversements théoriques.
Donc, ce n’est pas que Freud évite d’aborder le sujet de l’angoisse avant la date charnière de 1926, mais contrairement aux autres concepts fondateurs de la psychanalyse esquissés dès la fin du XIXe siècle (le travail du rêve comme réalisation inconsciente du désir, l’inconscient, la libido, le refoulement), il ne voit pas l’angoisse comme soumise aux lois de l’inconscient, ni comme facteur déterminant dans le jeu dynamique des forces en contradiction qui agissent dans l’appareil psychique. En d’autres termes, cet affect n’apparaît pas en tant que facteur infantile influençant la structure psychique de l’adulte. Finalement, avant 1926, l’angoisse n’est, pour le fondateur de la psychanalyse, qu’un symptôme névrotique parmi d’autres, et partant de là, une simple conséquence des névroses.
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