Version originale de l’interview pour l’article » Pour ou contre la psychanalyse ?
Une thérapie au long cours a-t-elle encore sa place à l’ère du speed, du zapping et du coaching ? »
Les raisons qui amènent à entreprendre une psychanalyse sont diverses : Toc, troubles de l’affectivité, difficultés sexuelles, phobies, événement bouleversant, deuil, mal de vivre…
Le patient, étendu sur un divan ou en face à face, est invité à dire tout ce qui lui vient à l’esprit. Rebondissant librement d’un sujet à un autre, il interroge son enfance, sa vie familiale, professionnelle, il raconte ses rêves, les événements du quotidien…
L’analyste l’écoute avec bienveillance, de la façon la plus neutre possible, en faisant abstraction de tout jugement de valeur, et il intervient pour mettre en lumière les éléments des associations libres qui permettent de décrypter les messages de l’inconscient. Tout ce qui est dit vise à éclairer peu à peu les causes enfouies des souffrances et va donc dans le sens du mieux être du patient, sans se substituer à lui pour lui donner des solutions clé en main.
Chaque individu est unique, l’analyste ne prétend pas savoir mieux que son patient ce qu’il doit faire. Il sait toutefois quelle direction donner à la cure, à savoir l’aider à s’extraire de la prison psychique qui l’étouffe pour faire émerger son désir de mieux vivre et lui donner la forme qui lui convient. Il faut du temps, quatre à dix ans, avant de tirer les bénéfices d’une psychanalyse en termes de réalisation personnelle, projet de vie, nouvelles valeurs…
Le bémol avec les thérapies courtes est qu’en supprimant le symptôme sans travailler l’angoisse inconsciente qui en est la cause, on risque de le faire ressurgir sous une autre forme, une phobie du vide qui se transforme en claustrophobie, par exemple. De plus, les thérapies courtes ne peuvent pas répondre à un mal être diffus, à un état de détresse, à la recherche de sens quand la vie en semble dépourvue.
Au cours d’une psychanalyse, le patient n’est pas réduit à son symptôme et ni pressé de le faire chuter au plus vite dans l’optique de se « normaliser ». L’analyste n’est pas un directeur de conscience et ni un garant des normes sociales en cours. La psychanalyse est, au contraire, une voie d’émancipation du sujet à qui il appartient de décider, dans toute la mesure du possible, quelle forme donner à son épanouissement. Or, plus vous élaborer personnellement vos critères du bien vivre, plus vous êtes critique à l’égard des formes de manipulation et plus vous résistez aux fausses promesses de bonheur, au matraquage publicitaire. A une époque où tout doit aller vite, où tout est soumis aux critères de rentabilité, où l’on est pris dans toutes sortes de diktats, la psychanalyse est un bastion de liberté précieux dans la mesure où elle ne « soigne » pas en formatant l’individu selon les références idéologiques du plus grand nombre
* Son blog : www.psy-psychanalyste.com/ , son dernier livre « Freud et son héritage », De Boeck.