
Charles Juliet, Lumières d’automne. Journal VI – 1993-1996,
Paris, P.O.L., 2010, p. 162
Notre réalité interne, je me la représente comme un magma. Un magma constitué par la lourde masse de l’inconscient, la riche mémoire du vécu, et aussi par des besoins, des désirs, des sentiments, des passions, des idées, des peurs, des blessures, des émotions… Ces multiples composantes s’entremêlent, interagissent les unes sur les autres, fusionnent ou se combattent, semblent disparaître ou se manifestent avec véhémence, animées qu’elles sont par des énergies à l’intensité variable. Ainsi, fluide ou pâteux, amorphe ou effervescent, prisonnier du gel ou porté à l’incandescence, ce magma connaît les états les plus divers, passe parfois en un éclair d’un extrême à l’autre. Il peut arriver en outre qu’en lui fulgure une vive lumière, mais le plus souvent, il n’est qu’énigme et ténèbre.