
Il est assez habituel de croire que la difficulté existentielle découlerait d’une espèce de répression sociale qui interdirait la réalisation du désir et donc l’émergence du sujet. Les humains seraient soumis en quelque sorte à un diktat de nos interdits moraux ou alors soumis à la barbarie de leurs pulsions à cause d’une sorte d’indigence des interdits moraux.
S’il est vrai que pendant longtemps notre éducation occidentale mit l’accent sur la répression des désirs et qu’il devient tout aussi vrai qu’actuellement l’émergence d’une culture hédoniste faisant la part belle à la médiocrité (le plaisir d’être consommateur) laisserait croire que la répression des désirs est levée, la question de la peur d’être vivant est ailleurs car, ni dans un cas (celui d’une morale inflexible) ni dans l’autre (celui d’un système pulsionnel tyrannique), il y a une réalisation de désir, voire même une simple conscience de l’existence du désir et de sa nécessité pour vivre.
La responsabilité humaine est d’abord d’accepter cette existence du désir et d’en tirer les conséquences. L’irresponsabilité est de s’en remettre aveuglement à une morale dictée par une idéologie quelconque ou alors de considérer que la vérité du plaisir est du côté des pulsions les plus archaïques.
Il arrive souvent que les pulsions archaïques soient masquées par un visage pseudo civilisé : c’est souvent le cas des guerres contemporaines dites propres et faites soi-disant pour assainir le monde de ses miasmes antidémocratiques.
La psychanalyse nous apprend que le refoulement des désirs est un mécanisme fondamental de l’appareil psychique.
Que deviennent alors ces » produits » refoulés ?
Que devient le courant vital enkysté ?
Que masque le refoulement sinon une peur d’être vivant ?
Les conséquences ne sont pas sans effets toxiques dans la fabrication de symptômes, qu’ils soient vus sous un angle étroit (psychopathologiques, maladies) ou plus large (aliénation individuelle, absence de capacité à penser par soi-même et donc réceptivité à la manipulation, identification collective à des idéologies aliénantes).
L’adhésion massive actuelle a une » pensée » unique qui lamine l’être au profit de » I’insoutenable légèreté » du paraître n’est-elle pas une des conséquences de la peur d’être vivant ?
Christian Jeanclaude