
QUESTION
Depuis que j’ai arrêté ma psychanalyse (pendant 5 ans 1/2 ) , je ne me sens pas trop bien .
J’ai l’impression d’avoir abandonné ma psy. comme si j’avais quitté ma mère , et cela laisse un grand malaise au fond de moi .
Je pense que c’est aussi en relation avec la réaction de la psychanalyste. J’ai senti que ça l’embêtait que j’arrête , j’avais besoin de sa confiance , qu’elle valide ma décision , et depuis je doute de moi .
Malgré tout, l’ expérience est intéressante , avec des effets après cure , et encore des changements en perspectives .
Je trouve votre site très intéressant et parfois j’ai envie de reprendre une thérapie , peut être autrement ….
Cordialement
AJ
RÉPONSE
Madame,
Je vous remercie pour l’intérêt que vous portez à mon site.
La question que vous soulevez est extrêmement importante sur la fin d’une analyse : s’agit-il d’une fin d’analyse ou d’une rupture avec un analyste ?
L’interprétation que vous donnez de votre fin d’analyse vous appartient mais il est effectivement possible qu’un analyste soit extrêmement chagriné qu’un de ses patients arrête son travail unilatéralement.
Pour ma part, une décision aussi fondamentale devrait toujours être prise par les deux partenaires et du moins, si l’analyste est en désaccord avec l’analysant, qu’il s’en explique pour précisément éviter cette “ boule “ que vous avez au ventre et un libre cours à des interprétations sans fin.
Une analyse s’accompagne de mutations profondes, parfois radicales. Ces changements et le mieux-être qu’il entrainent devraient être les indices pertinents d’une décision de fin d’analyse.
Votre malaise ne plaide pas en faveur d’une fin de travail.
Votre remarque “ l’expérience est intéressante “ très timorée attirent mon attention. Je ne crois pas que faire une psychanalyse soit intéressant : c’est souvent éreintant, violent, insensé, difficile tout en restant totalement très vivant. La psychanalyse est un concentré de vie particulièrement intense.
Votre remarque me laisserait supposer que votre analyse ait été relativement fade, qu’il ne se soit pas passé grand chose (est-ce votre analyste qui était “ absente/indifférente ” ? Ou c’est vous qui n’avez pas réussi à vous laisser aller une parole libre ?).
Ce que vous ressentez est courant chez beaucoup d’analysants qui arrêtent leur psychanalyse sans trop savoir pourquoi et sur un malaise.
Encore merci à vous d’avoir abordé cette question fondamentale.
Christian JEANCLAUDE
Psychanalyste
Strasbourg
PS : Lisez ma critique sur le film Jimmy P. et allez voir ce film. Il s’agit pour moi d’une illustration parfaite d’une psychanalyse.