Christian Jeanclaude

Psychanalyste | Auteur

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L’habituel de la psychanalyse : les manifestations de résistances qui empêche la guérison

par Posté dans Les notions psychanalytiques
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ARGUMENT
Un patient me consulte pour un entretien. Il ressort enthousiaste et je considère qu’il doit absolument faire quelque chose pour lui sans quoi il risque une décompensation majeure.
Lui ayant signalé l’importance de sa souffrance et l’objet actuel de celle-ci (un deuil cruel et majeur dans la vie de cet homme) et la nécessité de prendre soin de lui, il se met louvoyer, à dire n’importe quoi pour éviter les RV et finalement mettre un terme immédiat au travail engagé.
J’ai été avec cette personne d’une particulière attention et bienveillance.
Peut-être trop convivial et enveloppant (un analyste n’arrête pas de se questionner).
En tout cas, je lui ouvre toutes les portes, y compris celles de consulter quelqu’un d’autre. Peut-être l’a-t-il fait mais compte tenu de sa particulière satisfaction avec moi, il serait étonnant qu’il ait été voir ailleurs ; il semblerait qu’il ait rejeté massivement toute tentative de se soigner, en tout cas par le biais de la parole, et plus spécifiquement de la psychanalyse.
Toujours est-il que je propose ici au lecteur l’habituel de la psychanalyse : la violence et la rapidité avec laquelle se manifestent des résistances en général proportionnelles au degré de souffrance.
C’est dommage.
Quelle trajectoire possible quand on refuse de vivre et de parler de sa souffrance ? Parler de ses états d’âme ? Parler de ses boiteries et de ses blessures ?
Il faut savoir qu’une souffrance psychique intériorisée agit comme un lent poison, ou comme une sorte de tumeur psychique. La toxicité ne disparaît pas avec le temps, jamais… un jour ou l’autre tout revient en pleine figure comme un boomerang.
Parfois, même si ce n’est pas le propos de l’article d’aujourd’hui, c’est l’analyste qui manifeste des résistances et ne peut pas/plus écouter le patient car il se sent trop concerné par ses propres souffrances non aperçues au cours de sa propre psychanalyse (zone psychique appelé  » point aveugle « ).
Christian JEANCLAUDE
Psychanalyste
ÉCHANGES entre le patient et le psychanalyste
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Monsieur,
Je répète mes propos téléphoniques : vous m’aviez dit m’envoyer un mail tout de suite après la séance dernière. Comme je n’avais rien reçu, j’en ai conclu que vous aviez changé d’avis puis je vous ai dit ce que j’avais à vous dire en tant que psychanalyste. C’est aussi simple que cela.
Quant à Lacan, il dirait peut-être que vous ne voulez pas parler d’événements qui vous ont profondément entaillés. Normal, personne n’aime avoir aussi mal.
L’inconscient s’exprime souvent à la lettre : inutile de chercher derrière les placards ou sous les tapis ; l’inconscient est souvent gros comme le nez au milieu de la figure.
Soignez-vous bien.
Mes salutations les plus distinguées.
Christian JEANCLAUDE
Psychanalyste
From: X
Sent:
Subject: RE: Analyse

Cher monsieur, excusez moi mais je suis étonné de votre message.

Bien au contraire je sens qu’une réelle dynamique peut naître de ces entretiens.

J’espère pouvoir poursuivre mon travail avec vous si vous l’acceptez.

De plus j’ai été très souffrant cette semaine. Une espèce d’infection à la mâchoire… Avec une impossibilité de parler. Que dirait Lacan ?

Bien à vous.

M. X 

 

De : Christian Jeanclaude
Envoyé :
À : X
Objet : Re: Analyse

Monsieur,

A l’évidence, ça n’a pas joué entre vous et moi.

Une analyse est une rencontre et elle ne s’est pas faite.

 Cependant, la conception éthique de mon métier n’est pas “d’abandonner” un patient qui est venu en entretien.

Je veux dire que je me dois de lui faire part de mes impressions dans un sens et un seul, celui d’un mieux-être.

 Monsieur, n’abandonnez pas votre démarche et ne vous laissez pas entamer par le deuil extrêmement blessant qui vous habite.

 Concrètement, continuez à consulter jusqu’à ce que vous tombiez sur la personne qui vous conviendra.

Faites-vous confiance : un seul critère est celui de se sentir sécuriser et entendu/compris.

 En vous souhaitant bonne route.

 Christian JEANCLAUDE

 From: X

Sent: 

Subject: RE: Analyse

 Cher Monsieur,

 Je vous confirme notre prochain rendez vous.

Je suis confiant sur cette dynamique de travail dont vous parlez.

Je suis sorti de notre entretien à la fois secoué mais enthousiaste.

 Je ne sais pourquoi, ni quel lien mais j’ai eu envie de relire Charles JULIET,

 

Il y a une marge entre ce que je suis et ce que je voudrais être

Il y a une marge entre la vie que je mène et la vie à laquelle j’aspire

Il y a une marge entre ce que j’écris et ce que je voudrais écrire

J’ai travaillé et je travaille avec ténacité à réduire ces marges qui n’en font qu’une.

 Très cordialement

M. X

 

De : Chr. Jeanclaude
Envoyé :
Objet : Re: Analyse

 Monsieur,

 Je vous propose vendredi… 

 Quant à la régularité des séances, ne vous en souciez pas.

 L’important, dans un premier temps, étant de vous déterminer pour entreprendre une démarche analytique avec un psychanalyste spécifique.

Vous l’aurez compris par expérience, on ne va pas chez un psychanalyste comme chez le dentiste.

Au-delà du savoir de l’analyste, il s’agit d’une rencontre. Et l’important, s’il se passe quelque chose en entretien, est de transformer l’essai pour qu’une dynamique de travail devienne possible.

 Mes salutations les meilleures.

 Christian JEANCLAUDE 

  From:

Sent: 

Subject: Analyse

 Cher Monsieur,

 Je tenais à vous faire savoir que j’ai largement apprécié notre entretien et que je retiens évidemment les options que vous me proposez, à savoir deux séances par semaine.

Dans l’attente de votre réponse. Très cordialement.

M. X