Tout cela commence par les parents qui, sous prétexte de vouloir le bien des enfants, en font les otages de leur névrose, puis par les éducateurs, etc… et tout ceci trempé dans un surmoi collectif inféodé à l’idéologie du moment.
Celui qui y résiste est vite considéré comme souffrant de » troubles mentaux » et on l’envoie chez le « psy » prié qu’il est, celui-ci, de remettre le déviant sur le bon chemin (bon chemin, bonnes intentions devenus pensées positives). Voir par exemple ces pauvres gamins hyperkinésiques qu’on gave de drogues, alors que peut-être ne sont-ils que très très mal dans leurs basketts (par exemple en état d’excitation induit par des parents quelque peu incestuel [Racamier]).
Evidemment, le psychanalyste qui est un « méchant », c’est connu, ne cherchera certainement pas à remettre l’analysant dans le bon chemin, sinon d’espérer l’amener à réinventer un chemin qui lui permette de respirer, et ceci en dehors de toute référence sociale, sinon l’éthique élémentaire de la Loi.
Le psychanalyste n’est pavé d’aucune intention; il n’accepte pas la mendicité (d’affection par exemple), il saute par dessus la psychopathologie (qu’il connaît par coeur évidement pour mieux l’oublier au moment d’écouter), il est simplement patient, bienveillant (il faut bien s’entendre sur ce terme : le respect de la souffrance d’autrui n’implique pas de s’identifier jusqu’à la noyade) et il écoute pour tenter d’épingler des émergences/fulgurances dans le discours de l’analysant. Bref, il essaye d’être dans l’amour (déplacement de la libido narcissique vers la libido d’objet : def. de Freud) car il respecte la vérité du sujet.
Il ne veut pas le bien des autres… il veut le bien tout court (il haït, je crois, tout ce qui procède de la pulsion de mort, tous ces diverticules y compris les plus infinitésimaux… c’est souvent ses tripes qui le renseignent initialement, avant la mise en mots, car sa propre analyse lui a mis la tête dans ses propres entités mortifères et il en a conçu un dégoût).
Alors le bien des autres ?
Les autres, ici, ce sont les analysants, et si évaluation d’analyste il devrait y avoir, seuls les analysants devraient avoir ce droit mais certainement une loi, ni un diplôme régi par un quelconque ministère.
Que vont-ils devenir les analysants qui ont choisi en toute conscience d’engager un travail chez des psychanalystes NINI (NI psychiatre, NI psychologue) si ceux-ci sont priés de quitter la scène sociale ? Or les NINI sont actuellement en situation très instables compte tenu d’une législation de plus en plus restrictive sur l’exercice de la psychothérapie analytique. Législation bien en conformité avec l’idéologie actuelle de rentabilité/consumérisme/abrutissement du sujet sans tenir compte de la dignité de la personne.
Christian JEANCLAUDE