
Saint Augustin, Confessions, livre XI, chap. XVII, 23, Les intégrales de philo, Paris, Nathan, 1998 : 39
« Si l’avenir et le passé existent, je veux savoir où il sont. Si je ne puis encore le savoir, je sais cependant qu’en quelque lieu qu’ils soient, ils n’y sont ni futurs ni passés, mais présents. Car s’ils sont à venir, ils ne sont pas encore ; et s’ils sont passés, ils ne sont déjà plus. En quelque lieu donc qu’ils soient, ils n’y peuvent être que comme présents. Ainsi, lorsqu’on raconte des événements passés qui ont vraiment eu lieu, la mémoire reproduit non pas ces événements qui ne sont plus, mais les mots qui expriment les images que les événements ont gravés dans notre esprit en passant par les sens, comme les traces de leur passage. Mon enfance, par exemple, qui n’est déjà plus, est dans le passé, qui lui même n’est plus ; mais son image, lorsque j’évoque son souvenir et que j’en parle aux autres, c’est dans le présent que je la vois, parce qu’elle est encore dans ma mémoire. »