Lettres de Freud à Paul Federn sur la psychanalyse laïque (1926)
« Vienne, Berggasse 19
27.III.1926
Prof. Dr. Freud
Cher Docteur,
Merci de votre compte rendu circonstancié du débat sur la question de la Laienanalyse au sein de la Société Psychanalytique. Cela n’altère en rien ma position à cet égard. Je n’exige pas des membres qu’ils se rallient à mon point de vue, mais que ce soit à titre privé, en public, et s’il le faut jusque devant un tribunal, je le défendrai sans y apporter la moindre modification, dussé-je devoir rester seul à le faire. Certes, pour l’instant, quelques uns d’entre vous sont encore à mes côtés. Pour la divergence de position avec les autres, je n’ai pas l’intention de faire tout une histoire, aussi longtemps que je pourrai l’éviter. Que cette affaire gagne en ampleur, alors à coup sûr, je saisirai cette opportunité pour renoncer à mon actuelle présidence nominale de la Société, sans pour autant que cela affecte autrement nos relations. Le combat en faveur de la Laienanalyse doit, d’une façon ou d’une autre, être complètement apuré [littér. « vidangé”, n.d.t.]. Le mieux est de le faire sans attendre. Aussi longtemps que je vivrai, je me refuserai à ce que la yA soit absorbée par la médecine. Il n’y a naturellement aucune raison valable pour que ce que je dis soit tenu au secret devant les membres de la Société.
Bien cordialement,
Votre Freud »
Federn (E.) (Ernst [1914-2007], fils de Paul, lui-même psychanalyste laïque), témoin de la psychanalyse, coll. Histoire de la psychanalyse, Paris, PUF, 1994.
Lettre de Freud à Paul Federn le vice-président de la Société psychanalytique de Vienne, chargé des questions concernant la pratique psychanalytique : Laienfrage, Laienanalyse (Psychanalyse laïque et la médecine) le 7 mars 1926.
« Tant que je vivrai, je m’opposerai à ce que la psychanalyse soit engloutie par la médecine. »
(In Federn Ernst (fils de Paul), Témoin de la psychanalyse, Puf, collection Histoire de la psychanalyse, Paris, 1994, 360 p.)
Sigmund Freud, Correspondance de Freud à Ophuijsen, le 26.5.1929
» Si vous ne voulez pas détruire l’A.P.I [1] , il vaut mieux être prudent. Le premier qui quitterait l’A.P.I., au cas où elle cèderait aux Américains sur la question de l’analyse profane, ce serait moi, l’auteur de La question de l’analyse profane. »
Cité d’après Peter Heller éd., Lettres d’Anna Freud à Eva Rosenfeld, CT, 1983, p. 135 in Sigmund Freud Sándor Ferenczi, Correspondance 1920-1933, Les années douloureuses, Paris, Calman-lévy, 2000, note 1 : 414.
Lettre de Freud à Ferenczi le 27 avril 1929
« Le dernier masque de la résistance à l’analyse, le masque médico-professionnel, est le plus dangereux pour l’avenir. »
Correspondance Sigmund Freud Sándor Ferenczi/1920-1933, Les années douloureuses, Paris, Calman-Levy, 2000, p. 411.
Notes
[1] Association de Psychanalyse Internationale (en anglais I.P.A., soit International Psychoanalytical Association).