Sérénité et psychanalyse ?

par Christian Jeanclaude Posté dans Questions générales sur la psychanalyse

QUESTION

Bonjour,

Je reconnais actuellement les limites de mon auto-analyse et aujourd’hui, malgré un environnement idéal familial et professionnel dans lequel j’ai tout pour être heureux, je me sens en souffrance et en déséquilibre, cette impression d’être en constante lutte entre deux faces de ma personnalité, l’ombre et la lumière. J’étais suivi jusqu’à maintenant par une psychothérapeute femme de façon ponctuelle sur des points de blocage particuliers mais aujourd’hui, je sens la limite d’être en cure avec une femme de par certainement l’origine même du problème de fond chez moi, la relation à la femme (à la mère ?). C’est pourquoi, je souhaiterais m’entretenir avec vous pour tenter une nouvelle approche analytique et trouver une sérénité au quotidien, arrêter de vivre dans le passé et le négatif et enfin être dans l’instant présent.

RÉPONSE

Monsieur,

Trouver une sérénité au quotidien : comme vous y allez ! L’analyse n’a jamais garanti, ni visé une sérénité mais une émancipation vers une réalisation de soi. Or lorsque le désir se fait, la sérénité est loin d’être au rendez-vous. Il s’agit plutôt d’une voie bouddhique (la sérénité) qui vise une éradication du désir, donc des tentations ; approche inverse de celle de l’analyse. C’est Freud qui disait que la pulsion de vie était très dérangeante en particulier en perturbant la pulsion de mort (qu’on ferait mieux d’appeler une pulsion d’immobilisme, d’inanition).

L’auto-analyse n’existe pas sinon par des constructions intellectuelles. Une cure est expérientielle. Un ouvrage d’alpinisme himalayen ne permettra jamais de comprendre un état d’anoxie en haute altitude : il en est de même en analyse. Aucune approche intellectuelle, qu’elle soit livresque ou introspective ne permet pas d’approcher l’inconscient. Freud lui-même d’ailleurs n’était pas attirer par la philosophie pour son approche introspective. Nietzche a découvert à peu de chose l’identique de Freud mais n’a pas eu l’idée d’en faire une thérapeutique, pour cause, il n’avait pas connaissance du transfert.

Quant à vos investigations (ombre/lumière, etc.), elles me paraissent très symboliques au sens jungien du terme. Est-ce vraiment l’analyse freudienne que vous voulez ?

Enfin le hiatus entre votre vie sociale fort satisfaisante et votre douleur de vivre est le quotidien conflictuel de l’humain qui ne maitrise rien de ses pulsions : discours totalement à l’encontre de celui actuel du tout productif et compétitif (avec à la clef le burn-out, les suicides professionnels, la consommation énorme de psychotropes, etc.).

Recevez, Monsieur, mes salutations les plus distinguées.

Christian JEANCLAUDE

« Interventions psychanalytiques

On ne gère pas les autres ! en tout cas pas selon l’éthique psychanalytique ! »

Ce livre survole l’épopée freudienne sans flatterie à l’égard de Freud et du mouvement psychanalytique. Il s’agit donc d’une approche la plus objective possible de l’histoire de la psychanalyse et d’un portrait de ses fondateurs. Par ailleurs, toute la théorie psychanalytique est exposé de façon pédagogique et synthétique. Sont traités aussi les aspects techniques de la cure psychanalytique et un état des lieux de la situation actuelle de la psychanalyse. Enfin le lecteur trouvera aussi plusieurs sujets abordés selon la grille de lecture psychanalytique (soins palliatifs, apprentissage de la lecture/écriture, etc.) ; ce domaine, quelque peu délaissé ces dernières années, est celui de la psychanalyse appliquée.
Après une analyse des différentes conceptions freudiennes de l'angoisse (de 1894 à 1938), l'auteur, dans cette nouvelle édition, propose d'unifier l'ensemble de façon plus simple en mettant en évidence le rôle de l'angoisse comme principal organisateur de l'appareil psychique. L'angoisse est alors envisagée comme le stimulant majeur qui nous fait vivre et agir, en particulier parce qu'elle nous permet, sous certaines conditions, de nous informer sur nos désirs inconscients. En montrant qu'il s'agit d'un mécanisme vital qui avertit le sujet d'un dysfonctionnement du principe de plaisir, l'auteur décale l'idée courante que l'on se fait de l'angoisse, à savoir que cet affect ne serait qu'un symptôme gênant. Ecrit dans un style tout à la fois limpide, rigoureux et facile à lire, cet ouvrage constitue une référence scientifique et psychanalytique s'adressant tout autant à l'étudiant en psychologie, à tout professionnel de la relation (psychanalyste, psychologue, soignant, éducateur, enseignant, conseiller en ressources humaines...) qu'à tout lecteur s'intéressant aux fondements psychiques de l'être humain et souhaitant acquérir des outils de pensée pertinents pour aborder l'angoisse.
Les ombres de l'angoisse sont pour l'essentiel les désirs camouflés (inconscients, donc dans l'ombre) qui s'expriment sous la forme de symptômes. La fuite vers les ombres est une impasse quant au mouvement vital d'une personne : cette vaine tentative d'échapper au désir (s'organiser une vie immobile pour n'avoir rien à savoir de son désir) dans l'espoir de se soustraire à l'angoisse est un marché de dupe. Il s'agit en effet de s'interroger sur le prix exorbitant à payer pour ce leurre qui n'est ni plus ni moins qu'un renoncement à être, donc à vivre en tant qu'être humain. Renoncer à soi-même pour une illusion de tranquillité souvent au mépris de l'évidence (par exemple des symptômes très invalidants mais le plus souvent une aliénation qui, sans être spectaculaire, n'en est pas moins attristante, quand ce n'est pas terrifiante si elle conduit l'individu à une irresponsabilité, une absence de pensée) ! Étrange stratégie que de préférer être mort plutôt que vivant ! Ce déni du désir se traduisant par une peur d'être vivant et d'exister semble facilité dans notre monde apeurant où seul le commerce (y compris des personnes !) et la passion perverse de l'argent semblent devenir l'unique référence pour organiser notre société. Ou précisément la tendance spontanée à l'aliénation (la névrose est la pente " naturelle " de l'homme) est exploitée au profit de cette machine à fabriquer du vide qu'est le cycle infernal production-consommation. Des formes d'angoisse de plus en plus paralysantes s'éprouvent dans notre monde technologique. Au lieu de nier cette angoisse, ne serait-il pas plus intelligent de l'entendre et d'en traduire le message ? C'est ce rapport du sujet à l'angoisse que l'auteur explore. Écrit dans un style efficace, facile et pédagogique, ce livre est abordable par des lecteurs venant de divers horizons

Freud et son héritage

Rappel des fondamentaux freudiens de la psychanalyse comme discipline indépendante. Une introduction à la psychanalyse dans sa dimension historique pour pénétrer le bain culturel qui présidât à sa naissance . La psychanalyse appliquée est abordée pour montrer l’intérêt de l’approche psychanalytique de la compréhension du monde.
Freud et la question de l’angoisse
Les ombres de l’angoisse