
Dans une lettre circulaire du 26 février 1927, au cours de son séjour à New-York, Ferenczi écrit une lettre circulaire où le célèbre comportementaliste Watson est présenté comme le « liquidateur » de la psychanalyse.
In Correspondance Freud-Ferenczi, 1920-1933, Les années douloureuses, Paris, Calman-Levy, 2000 : 333
Or, depuis quelques années que le « Freud bashing » (battre, bousculer, démolir) est à la mode, les comportementalistes, outre d’affirmer leur réussite thérapeutique, considèrent pour beaucoup la psychanalyse comme moribonde, nulle et non avenue et dangereuse, et de toute façon sans efficacité a minima. En ce sens, ils sont même aidés par une partie de la communauté scientifique.
Pour mémoire :
John Broadus Watson (1878-1958) écrit un manifeste en 1913 posant les bases d’une psychologie scientifique.
Selon le fondateur du behaviorisme, la psychologie doit devenir une science expérimentale, branche des sciences naturelles. Seuls sont pris en considération les comportements observables, reproductibles dans des conditions expérimentales identiques et contrôlables.
La conception behavioriste de l’homme est aux antipodes de la psychanalyse . En effet, Burrhus Frederic Skinner (1904-1990) développa, à la suite de Watson, le concept de conditionnement opérant avec renforcement positif ou négatif. Chef de file du behaviorisme, il trouve impossible d’étudier ce qui sous-tend les comportements ; il parle alors de « boîte noire ». Par ailleurs, cette école considère que le cerveau est vierge de toute traces mnésiques à la naissance et que tout n’est qu’apprentissage ; elle ne tient pas compte des dispositions innées spécifiques de chaque espèce animale. Les expériences ont porté principalement sur le rat, la souris et le pigeon et le corpus théorique qui en découle est désormais appliqué à l’homme comme psychothérapie (la thérapie comportementale ou Behavior Therapy). Dans l’ex-U.R.S.S., le conditionnement pavlovien servait aussi de thérapie !
Actuellement, les thérapies behavioristes ont le vent en poupe prétendûment à cause de leur extrême efficacité et de leur rapidité par rapport à la psychanalyse considérée comme lente et inefficace.
Extrait de la lettre circulaire de Ferenczi
« Chers amis,
…
Le Dr Watson, qui a arrêté sa carrière universitaire à mi-course à cause de problèmes familieux est maintenant actionnaire d’une société de publicité, à laquelle il donne des conseils psychologiques (behavioristes). Il est très populaire dans le beau monde. On attend de lui la » liquidation » de la psychanalyse[1]
…
Remerciements et salutations à tous les membres du Comité de Ferenczi. »
1. C’est Christian Jeanclaude qui souligne (en gras).