
On peut décomposer la dynamique de séance en deux temps essentiels [1]. :
— Dans un premier temps, le retour du refoulé suit des voies névrotiques habituelles sous la forme de toute la gamme des rejetons de l’inconscient (actes manqués, répétitions, symptômes, rêves nocturnes, fantasmes diurnes) : il s’agit de l’établissement de la névrose de transfert.
— Dans un deuxième temps, les défenses sont mises à mal par le travail d’analyse, ce qui rend de plus en plus difficile la satisfaction substitutive dans le symptôme. Donc le retour du refoulé est de moins en moins travesti par les mécanismes de déformation, et tend à émerger dans une forme plus lisible quant à sa signification inconsciente. C’est-à-dire que concrètement l’analysant connecte de mieux en mieux le refoulé qui fait retour avec les fantasmes inconscients en rapport avec des vécus infantiles : il appréhende ainsi ce qui se manifeste en lui à son insu. En résumé, on peut dire que le travail d’analyse entraîne un jaillissement des pulsions-désirs alors accessibles à la verbalisation dont l’analysé prend acte : il saura dorénavant décrypter la partie de son inconscient qui aura pu être lu grâce aux prises de conscience du sens véhiculé par les rejetons inconscients. Une fois cette prise de conscience obtenue, les pulsions-désirs peuvent se détacher de ses objets-buts originaires et trouver de nouvelles voies de décharge (par exemple dans la sublimation). Dit autrement, les désirs spécifiques pris dans les mailles des structures infantiles pourront s’en libérer et se rassembler en un désir de vivre, l’individu devenant alors sujet désirant (les objets qu’il se choisira — pas forcément consciemment — pour satisfaire son désir seront coupés de son enfance, alimenteront des sublimations et des projets, projettera le sujet dans l’avenir, sa propre analyse perdant alors toute son importance.
Une analyse réussie est une analyse qui s’oublie !
Notes
[1] Dans, Jeanclaude Christian, Freud et la question de l’angoisse, De Boeck, 2008, p. 213-214